- Pas de spoilers -
Nick et Amy forment le couple parfait : beaux, riches, un peu artistes... jusqu'au jour où Amy disparaît brutalement et où tout semble accuser Nick de meurtre. Gone Girl, en plus d'être à la base un roman que j'ai hâte de lire (Les Apparences de Gillian Flynn), c'est un film de David Fincher qui continue dans ce qu'il sait si bien faire : raconter des histoires tordues, souvent sombres, parfois crasseuses de réalisme et toujours incroyablement bien réalisées. Il m'aura fallu un second visionnage un an après sa sortie ciné pour me donner envie d'écrire sur ce film. Je ne lui ai pas trouvé moins de défauts cette fois, j'en ai même vu davantage, mais j'ai beaucoup plus apprécié ses nombreuses qualités.
D'abord, le casting intrigue et se révèle parfait. Ben Affleck joue de ce qu'on lui reproche souvent, son air plat de gendre idéal, cette sorte de naïveté naturelle qui desservira quelquefois le personnage de Nick sans que le public ne s'en détourne. Rosamund Pike sort de nulle part et se classe directement dans la catégorie "actrice magnétique" avec son jeu époustouflant, sa beauté presque irréelle et hitchcockienne, ses yeux perçants et ses cheveux de princesse Disney. Emily Ratajkowski joue un rôle malheureusement peu différent de l'image qu'on lui connaît dans le clip de Robin Thicke. Bonne surprise, Neil Patrick Harris joue, lui, dans un autre registre que celui qu'on lui connaît, même si sa faible présence à l'écran n'en fait ressortir finalement qu'un gentil Barney Stinson (...that guy's awesome). Carrie Coon nous offre aussi une cool soeur pour Ben Affleck, une woman next door plutôt jolie mais cachée tout le film derrière des lunettes, uniquement décrite par sa relation avec son frère, ce qui suffit amplement pour la rendre attachante.
La réalisation reste celle de David Fincher, brillante. Bien qu'il fasse partie de mes réals favoris, j'ai toujours eu du mal à qualifier sa patte et même à la reconnaître. Sans être scolaire, il sait se mettre au service de l'histoire pour la valoriser et ne pas prendre le pas sur elle juste pour le style. Ce qui ne l'empêche pas d'asséner quelques plans cultes depuis des années, toujours symboliques quant à l'histoire : le dernier plan destructeur de Fight Club, les découvertes de scènes de crime de Seven, la caméra "fuyante" de Panic Room... Dans Gone Girl, qui commence sur une disparition, l'image est froide, presque fantomatique sans devenir glauque.
L'atmosphère musicale composée par Trent Reznor et Atticus Ross en remet une couche avec des thèmes glaçants aux sonorités hivernales et à la structure redondante, comme des boucles interminables de plus en plus lourdes et chancelantes au fur et à mesure que l'étau se resserre sur Nick et que l'on apprend à connaître les deux moitiés de ce couple parfait, pour le meilleur et pour le pire.
L'atmosphère musicale composée par Trent Reznor et Atticus Ross en remet une couche avec des thèmes glaçants aux sonorités hivernales et à la structure redondante, comme des boucles interminables de plus en plus lourdes et chancelantes au fur et à mesure que l'étau se resserre sur Nick et que l'on apprend à connaître les deux moitiés de ce couple parfait, pour le meilleur et pour le pire.
Oui, ce qui glace finalement plus que le reste, c'est bien le scénario. Signé par l'auteur même du livre d'origine, il tire sa force du fait que le spectateur est omniscient... à partir de la moitié du film seulement. Bien qu'un élément de l'histoire soit assez extraordinaire, il ne le serait finalement pas tant que ça s'il n'était pas nourri par un thème principal examiné sous toutes les coutures, magnifié et disséqué : le mariage, dans tout ce qu'il peut inéluctablement construire et détruire sans tri possible.
Gone Girl est présenté, commence et se termine comme un thriller. Il l'est mais son propos de fond, outre cette histoire de fou, en fait quelque chose de plus universel, un drame, qui n'a bizarrement pas besoin de jouer sur trop de dialogues pour instaurer une ambiance. Via les flashbacks, on sent ce qui lie Nick et Amy en même temps qu'on apprend dans le présent ce qui les sépare.
Le "sans spoiler" m'empêche d'en dire davantage, notamment sur les défauts et incohérences du film qui lui font manquer la perfection de près. Sachez juste que malgré ses 2h30, Gone Girl est si maîtrisé qu'à peine commencé... il s'est déjà évanoui.
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