- Attention, les spoilers, derrière toi ! -
Hier, Wes Craven est décédé.
Il a laissé derrière lui une aura qui a fini par dépasser sa simple filmographie, un peu comme John Carpenter. Je n'ai vu que très peu de son travail au final, mais hier, le mec qui a réalisé l'un de mes films préférés est mort.
Scream, c'est un peu le film que je regarde quand j'ai envie de passer un bon moment à l'ancienne, même si ça fait 45 fois que je le vois (j'en suis pas loin). Parce qu'en plus de la grosse surprise du premier visionnage, qui n'apparaît bizarrement jamais dans les meilleurs twists du cinéma, Scream est truffé de plein de bonnes choses.Déjà, sa scène d'ouverture déstabilisante, dont l'impact a été soufflé par l'actrice elle-même. Alors que la production l'avait contactée pour le rôle principal de Sidney, Drew Barrymore a insisté pour jouer "la première fille, comme ça quand je mourrai au bout de 10 minutes, le public verra que tout peut arriver". Un peu à la sauce Psychose.
Ensuite, une ambiance étouffante avec des scènes de jour presque toujours situées sous un soleil écrasant, pas beaucoup plus rassurantes que la nuit noire puisque l'assassin sort sans son masque mais reste caché dans l'entourage de Sidney.
N'oublions pas les références ciné en veux-tu en voilà et les guests dont Wes Craven lui-même, ce qui n'a pas empêché la construction d'un univers propre et d'une histoire riche - une histoire qui servira plus tard les très déstabilisantes mises en abîme de Scream 3, qui n'est vraiment pas si mauvais.
Il y a aussi la bande originale presque fantomatique signée Marco Beltrami avec en bonus des morceaux de Moby, Alice Cooper, Nick Cave and the Bad Seeds, Birdbrain (le revival, c'est ici) et une reprise minimaliste de "Don't Fear the Reaper" dont la version originale de Blue Oyster Cult figurait dans Les Griffes de la Nuit et Halloween (et la reprise en question, c'est là).
Scream est un slasher movie de base. Oui, si on découvre Scream dans les années 2010, on se dit que c'est encooore un film d'horreur pour ados, avec vierge farouche, meilleure amie dévergondée/décérébrée, tueur débilissime et prévisible. Sauf que Wes Craven le savait et en a fait son film anti-Wes Craven.
On était en 1996, les films d'horreurs cultes des 70's étaient morts et enterrés jusqu'à la sortie de ce pastiche plus ou moins sérieux, qui nous expose les éternels codes du genre encore et encore pour mieux s'en moquer... et nous perdre ensuite.
Que celui qui ne s'est pas demandé pendant les trois quarts du film si Billy Loomis était le tueur ou non, changeant d'avis d'une scène à l'autre, me jette la première pierre ! Que celui qui s'est douté un seul instant de l'existence d'un second tueur entame la joute !
Scream est le slasher movie de base, oui, mais seulement parce qu'il a relancé la machine et a littéralement été à la base de ceux qui l'ont suivi de près. Rappelons-nous qu'avant lui, les assassins étaient souvent des fous sanguinaires ou des monstres, pas des humains tout bêtes dans l'entourage des victimes et ça, ça a ajouté un intérêt aux scénarios (ou pas...). Les jeux des tueurs avec leurs victimes n'ont aussi jamais été aussi tordus que depuis ça - depuis qu'un simple téléphone qui sonne a pu nous faire flipper.
Wes Craven voyait le cinéma d'horreur comme une catharsis qui permet de sortir les tensions. Si les gens gloussaient à la sortie d'un film, c'était gagné. A travers la quadrilogie Scream, il a pointé du doigt certains travers de notre société et il s'est surtout gentiment moqué des films d'horreur et de lui-même, sans passer la frontière de la parodie. Si c'est pas une déclaration d'amour au cinéma et au genre, je sais pas ce que c'est.
Wes Craven voyait le cinéma d'horreur comme une catharsis qui permet de sortir les tensions. Si les gens gloussaient à la sortie d'un film, c'était gagné. A travers la quadrilogie Scream, il a pointé du doigt certains travers de notre société et il s'est surtout gentiment moqué des films d'horreur et de lui-même, sans passer la frontière de la parodie. Si c'est pas une déclaration d'amour au cinéma et au genre, je sais pas ce que c'est.
Photo : ©Dimension Films
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